Christophe est le centurion d’une légion d’hommes-chiens, d’hommes-loups, un de ces hommes à tête de molosse qui vivent sur les Confins. Ils gardent la frontière de l'Empire. Christophe a été fait prisonnier par l'Autre Côté, s'est converti, revient, meurt en martyr! Le limes n'a pas disparu, il a proliféré. Depuis l'Effondrement les confins sont partout, … Lire la suite L’Homme-Loup te fera traverser les torrents de montagne
Catégorie : La reconfiguration des frontières entre l’humain et l’animal
Dans chacun de nos souffles c’est l’arche de Noé qui s’éveille
Un interdit d’origine morale qui nous empêche d’affronter le problème, au lieu de nous aider à le résoudre: voilà une bonne définition du tabou. L’un des tabous les plus puissants de la fausse conscience écologique (ou supposée telle) qui se répand dans le débat contemporain est celui de l’anthropomorphisme: l’interdiction de toute tendance à reconnaître … Lire la suite Dans chacun de nos souffles c’est l’arche de Noé qui s’éveille
L’humain n’est plus le seul sujet dans l’univers
L'héritage foucaldien est particulièrement fécond dans le cas de l'animalité. L'époque de la fin du sujet est d'abord celle de sa prolifération. Les animaux sont effectivement des sujets, certains sont même des personnes qui ont une autonomie importante, mais les sujets les plus affirmés restent des hétéronomes, c'est-à-dire qu'ils ont besoin de l'humain pour acquérir … Lire la suite L’humain n’est plus le seul sujet dans l’univers
Le pèlerin des nuits d’octobre
La lune apparut dans le ciel avant qu’il eût atteint les arbres. Sa lueur blonde se leva derrière lui et coula lentement sur la plaine. Il entra dans la nappe de brume qui flottait au-dessus de l’étang: elle était toute blanche à présent, d’une pâleur froide et pure qui semblait attirer à elle la clarté … Lire la suite Le pèlerin des nuits d’octobre
La Nuit des Temps
Il y a 100 millions d'années, un ornitholeste chassait le diplodocus dans la dense forêt du jurassique. Cet ornith était une femelle dinosaure carnivore qui avait la bougeotte. Elle avait à peu près la taille d’un être humain, mais son corps était si svelte qu’elle en pesait à peine la moitié. Elle avait de puissantes … Lire la suite La Nuit des Temps
Pourquoi éduquer les enfants ? Pour accueillir l’Être sauvage
A chaque génération, encore et encore Le sauvage n’est pas le nom d’un humain forclos de la civilisation, mais de ce qui en tout humain se refuse à la civilisation pour pouvoir la fonder: c’est l’inhumain, non pas comme entité froide et sans vie à l’autre bout du cosmos, mais comme ce qui résiste définitivement … Lire la suite Pourquoi éduquer les enfants ? Pour accueillir l’Être sauvage
Si l’homme est un animal, alors il s’agit d’un animal extrêmement imparfait et précisément pour cette raison ce n’est pas du tout un animal
La lenteur du développement ontogénétique est favorable à l’aptitude à apprendre, au développement intellectuel, à l’imprégnation, donc à la transmission culturelles. L’homme est un néotène (étymologiquement, celui qui maintient sa jeunesse) en raison de son inachèvement constitutif. La période de la jeunesse est plus longue que partout ailleurs dans le règne animal. Cela signifie que … Lire la suite Si l’homme est un animal, alors il s’agit d’un animal extrêmement imparfait et précisément pour cette raison ce n’est pas du tout un animal
L’Être se dit en plusieurs sens
En d'autres termes, le vivant est par essence multiple: la vie est synonyme de biodiversité La création sonore de l’artiste Bernie Krause, Le Grand Orchestre animal (Paris, Flammarion, 2013), rend sensible le paysage comme variation et enchevêtrement de lignes mélodiques. Bernie Krause a enregistré sur plus d’un demi-siècle 4 500 heures des sons de plus … Lire la suite L’Être se dit en plusieurs sens
Néglige ceux aux yeux de qui l’homme passe pour n’être qu’une étape de la couleur sur le dos tourmenté de la terre
Qu'ils dévident leur longue remontrance.L'encre du tisonnier et la rougeur du nuage ne font qu'un. René Char André Pichot appelle disjonction d’évolution la discontinuité physico-chimique qui surgit entre le vivant actuel et l’environnement actuel, le déphasage causé par deux évolutions disjointes (celle du vivant et celle de l’environnement) qui sont maintenant en relation. Deux histoires … Lire la suite Néglige ceux aux yeux de qui l’homme passe pour n’être qu’une étape de la couleur sur le dos tourmenté de la terre
1 Un animiste cartésien
Né en 1983, Baptiste Morizot est philosophe et enseigne à l’université d’Aix-Marseille. Il a publié en 2016 Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant, et, en 2018, Sur la piste animale. Son dernier livre, Manières d’être vivant a été publié chez Actes Sud. L'animisme, qui implique une négociation quotidienne avec d’autres … Lire la suite 1 Un animiste cartésien
Finir chasseur
Imaginez une société qui porterait comme valeur la reconnaissance de notre statut d’êtres errants, d’êtres qui bivouaquent mais n’habitent pas, qui dérivent au lieu de s’installer, qui ont perdu leur statut d’exception pour devenir des êtres extraordinaires en compagnie d’autres êtres extraordinaires. Et maintenant imaginez comment la technologie pourrait être mise au service de cette … Lire la suite Finir chasseur
La culture était latente dans la nature
Le biface est l’une des choses les plus étranges et les plus énigmatiques de la préhistoire. J’ai devant moi, pendant que j’écris ces lignes, une reproduction exécutée sur ma demande par un artisan professionnel de la pierre. C’est un objet magnifique, parfaitement exécuté, mais dont l’utilité est loin d’être évidente. Il tient exactement dans la … Lire la suite La culture était latente dans la nature
Descartes le cœur des bêtes
Il y a deux façons d'aborder la question de la différence entre l'homme et l'animal: dans la perspective de l'histoire des sciences, pour mesurer l'influence de la thèse cartésienne sur les savants; ou en la rapportant au développement de la pensée cartésienne. Or celle-ci détermine une façon pour l'homme de se rapporter à lui-même et … Lire la suite Descartes le cœur des bêtes
La liberté et l’inquiétude de la vie animale …
La naissance fait sortir l’animal d’un milieu où il puisait directement sa subsistance. La satisfaction des besoins n’est plus immédiate. L’individu doit y pourvoir. Le différé entre le besoin et la satisfaction est la condition de possibilité du désir, dont le corrélat est le manque. L’individu est séparé de ce dont il veut s’approcher. L’existence … Lire la suite La liberté et l’inquiétude de la vie animale …
L’homme n’est pas une bête, mais il est celui qui se réfléchit dans les bêtes, pour construire sa propre animalité
Épanouissement, une des traductions possibles du concept néo-darwinien de fitness. Une figure qui a été trop oubliée par la post-modernité est celle de l'oikéiôsis, en son sens stoïcien: l’animal est saisi comme un être qui possède une forme d’intériorité, étant mû par une représentation de la normalité, au sens d'épanouissement de sa constitution. Cette figure … Lire la suite L’homme n’est pas une bête, mais il est celui qui se réfléchit dans les bêtes, pour construire sa propre animalité
4 La nature de l’homme n’est pas une essence fixe …
Il faut pourtant conserver la terminologie traditionnelle sans pour autant céder à l’argumentation des partisans du retour au droit des Anciens et en particulier sans accepter l’interprétation essentialiste et hiérarchisée de la nature humaine à la manière d’Aristote. Lorsque Rousseau parle de la nature de l’homme, il pense non pas essence fixée à la manière … Lire la suite 4 La nature de l’homme n’est pas une essence fixe …
Le rêve d’Adam
Dieu modela l’homme. Qui dit cela? L’époque moderne se signale par l’intérêt qu’elle porte à cette question. Alors que le récit est comme une réalité objective, projetée sur un écran lisse, l’homme d’aujourd’hui veut voir la cabine de projection, il veut même voir le tournage du film, savoir qui l’a tourné. Qui raconte? Nous passons … Lire la suite Le rêve d’Adam
L’homme a poursuivi son évolution … Il se transforme en quelque chose … D’impossible à décrire …
... Il s'adapte à un environnement purement machinique. Dans une version ténébreuse de l'effet récursif de l'évolution, cher à Patrick Tort, son fitness consiste alors à détruire tous les autres vivants: des parasites ... Qu’avait-il pu arriver aux hommes? Que faire si la race s’était développée dans la malfaisance, la haine et une volonté farouche … Lire la suite L’homme a poursuivi son évolution … Il se transforme en quelque chose … D’impossible à décrire …
On n’a rien à perdre à repenser la condition du philosophe comme une émergence évolutive improbable …
Jusqu'à une date récente, l'anthropologie philosophique allemande appartenait au passé. Des hypothèses fameuses, mais assez aventureuses (la néoténie, la positionalité excentrique, l'être lacunaire), un contexte intellectuel d'entre-deux-guerres inspirant plus souvent le soupçon que l'enthousiasme, semblaient remiser ce mouvement au rayon certes respectable mais sans grand avenir de ce que l'on appelle, faute de mieux, l'histoire … Lire la suite On n’a rien à perdre à repenser la condition du philosophe comme une émergence évolutive improbable …
J’ai vu le loup, le renard et la belette communiquer sur Internet
Internet nous a rapprochés comme nul autre système de communications auparavant. Notre capacité à échanger des informations à tout instant et en tout lieu est désormais augmentée par des dispositifs qui produisent des données et en contrôlent l'accès. Or Internet ne doit pas être limité aux intelligences humaines et artificielles. D'autres membres du règne animal … Lire la suite J’ai vu le loup, le renard et la belette communiquer sur Internet
Natura naturans
La culture est encore le seul remède à la crise de la culture: si l'homme est bien seul, entre ces deux absolus que sont l'animal et Dieu, à devenir imbécile, il est aussi le seul à être perfectible. L'imbécillité est la rançon de la perfectibilité, c'en est même peut-être la condition: il y a du … Lire la suite Natura naturans
Humanisme : l’homme est transcendant par rapport à l’animal enclos dans sa différence, parce qu’il traverse toutes les espèces, les assume et les fait communiquer …
Montaigne ne songe au départ qu'à prémunir l'homme contre la cruauté à l'endroit de ses semblables. N'est-ce pas un meurtre symbolique que d'offrir en sacrifice des bêtes, ce qui revient à payer Dieu en peinture et en ombrage? N'est-ce point faire preuve d'une propension naturelle à la cruauté que de courir le cerf? Quand on … Lire la suite Humanisme : l’homme est transcendant par rapport à l’animal enclos dans sa différence, parce qu’il traverse toutes les espèces, les assume et les fait communiquer …
Descartes: prétendre que Dieu est assujetti à la nécessité, c’est le voir comme un Saturne soumis à quelque Styx
Tout au long de son œuvre prolifique, Stephen Jay Gould insiste sur l'importance cruciale des détails, de faits à première vue mineurs dont le rôle décisif n'apparaît qu'après coup. La longue histoire qui conduit de l'origine de la vie à l'homme est jalonnée d'événements qui ne prennent leur relief que considérés de notre point de … Lire la suite Descartes: prétendre que Dieu est assujetti à la nécessité, c’est le voir comme un Saturne soumis à quelque Styx
Les cellules hexagonales des ruches, l’enroulement des coquillages, les nervures des feuilles, les plaques jointives des carapaces et la corne spiralée des béliers …
Bergson qualifie de mécaniste la conception selon laquelle l’évolution se déroule sans plan et sans direction et n’est que la conséquence de la sélection naturelle agissant sur la variation fortuite, sans projet. Il y oppose sa conviction: le processus évolutif serait dirigé selon un axe défini par une force qui le traverse, l’élan vital. Cette … Lire la suite Les cellules hexagonales des ruches, l’enroulement des coquillages, les nervures des feuilles, les plaques jointives des carapaces et la corne spiralée des béliers …
I Nous sommes en train de tuer celle que nous aimons, notre génitrice et sibylle …
C'est parce que la diversification des espèces préexiste à l'humanité et que nous avons évolué en son sein, que nous n'en avons jamais sondé les limites. En conséquence, le monde du vivant est le domaine naturel de la partie la plus dynamique et paradoxale de l'esprit humain. Notre sentiment d'émerveillement croît exponentiellement: plus nous en … Lire la suite I Nous sommes en train de tuer celle que nous aimons, notre génitrice et sibylle …