L’Homme-Loup te fera traverser les torrents de montagne

Christophe est le centurion d’une légion d’hommes-chiens, d’hommes-loups, un de ces hommes à tête de molosse qui vivent aux confins du monde, loin de Rome. Ils gardent la frontière de l'Empire. Christophe a été fait prisonnier par l'Autre Côté, s'est converti, revient, meurt en martyr! Le limes n'a pas disparu, il a proliféré. Depuis l'Effondrement … Lire la suite L’Homme-Loup te fera traverser les torrents de montagne

Un lac de sang, ombragé par un bois de sapins toujours vert

Si le XIXéme siècle était un tableau, cette toile de grand format serait de couleurs très fortes, de valeurs très contrastées, et ce n'est pas la lumière naturelle, celle qu'ont tant aimée beaucoup de ses peintres, de Constable ou Valenciennes aux impressionnistes et à Cézanne, qu'on y verrait partout resplendir. Plus souvent le rouge des … Lire la suite Un lac de sang, ombragé par un bois de sapins toujours vert

Des avenues aujourd’hui perdues, recouvertes d’herbes, dans cette région de l’esprit qui s’étend entre concept et symbole, entre symbole et réalité

Notre époque est la première sur terre à laisser circuler à nu, sans vêture de sens, sans imprégnation de valeurs, les aspects bruts de la violence, de la cruauté, par exemple. Nous voici entrant à nouveau dans ce champ d'absence qui précéda la parole. Où il n'y avait pas de mémoire, pas d'avenir. Je me … Lire la suite Des avenues aujourd’hui perdues, recouvertes d’herbes, dans cette région de l’esprit qui s’étend entre concept et symbole, entre symbole et réalité

La langue n’a pas trouvé de mots, mais elle a continué …

Accessible, proche et sauvegardée, au milieu de tant de pertes, ne demeura que ceci: la langue. Elle, la langue, fut sauvegardée, oui, malgré tout. Mais elle dut alors traverser son propre manque de réponses, dut traverser un mutisme effroyable, traverser les mille ténèbres des discours porteurs de mort. Elle traversa et ne trouva pas de … Lire la suite La langue n’a pas trouvé de mots, mais elle a continué …

Le peintre dont l’ombre est un voyageur

Qu'on ne se contente pas trop facilement des explications les plus simples -un hasard, le mécénat, les commandes- quand il s'agit de cette question qui me paraît essentielle: pourquoi un peintre a-t-il changé de pays, laissant pour d'autres horizons, d'autres couleurs, et toujours une autre lumière, le lieu où il a vécu, où il a … Lire la suite Le peintre dont l’ombre est un voyageur

5 La souche obscure d’où montent ensemble et séparées ces intuitions majeures …

J’ai relu récemment, et même traduit (ce qui intensi­fie les lectures) la Résurrection, de Yeats. C’est une brève pièce de théâtre qu’un poème ouvre et un autre clôt, ou semble clore. On y entend trois jeunes gens, un Grec, un Juif, un Syrien, s’interroger dans le vestibule de la maison des Apôtres au lendemain de … Lire la suite 5 La souche obscure d’où montent ensemble et séparées ces intuitions majeures …

Il a consenti à la fiction pour sauver la catégorie de l’Être …

Tiepolo est-il le peintre facile qui aurait gaspillé ses dons à la décoration et au luxe, quand il aurait pu rapatrier dans le vécu des sens et du cœur, comme un Piazzetta de plus de risques, les stéréotypes baroques? Bien plutôt est-il celui qui dans le signe maintient l'éclat là où la substance se perd, … Lire la suite Il a consenti à la fiction pour sauver la catégorie de l’Être …

Borges, un de ces ironique faiseurs de labyrinthes, où la vérité s’évapore ? Mais non, un homme moderne …

Borges est durement méconnu. Une grande pensée de notre époque s’est reconnue dans son œuvre, et c’est l'immense succès de cette doctrine qui a précipité sa gloire. Mais cette philosophie n'était pas la sienne, il n'a jamais fait que s'en approcher, en ces points où elle est véridique. Cette philosophie souligne que la notion ne coïncide … Lire la suite Borges, un de ces ironique faiseurs de labyrinthes, où la vérité s’évapore ? Mais non, un homme moderne …

Le second niveau de la flamme

Le monde allait finir. Oui, le mal -car c’était donc un mal, en dépit de tant d’espérances- qui avait commencé avec la première idole grossièrement taillée dans la pierre, ou dès même la première entaille furtive sur un tronc d’arbre, allait achever son travail, remontant par les veines de la nature jusqu’aux métaux les plus … Lire la suite Le second niveau de la flamme

Les sombres verdures et les hêtres verdoyants : ressources pour réconcilier le rêve de l’imagination et le monde réel de la misère …

Un des dons les plus remarquables de Charles Tomlinson est l’extrospection, le désir insatiable de voir, d'entendre, de saisir par l'esprit, ce grand Réel où nous nous trouvons, en disciplinant le moi pour que la poésie, au lieu de faire sa pâture de ces tours et retours de la vie intérieure qui fascinent l'esprit et … Lire la suite Les sombres verdures et les hêtres verdoyants : ressources pour réconcilier le rêve de l’imagination et le monde réel de la misère …

Ces explorateurs de nos ruines, ils retrouvent le privilège des chemins qui se perdent comme s’ils arrivaient près du but …

Que se passe-t-il quand on arrive dans un pays dont on ne connaît que très peu l'idiome, mais dont on voit dans les temples, sur les chemins, des œuvres qui atteignent à des sommets du sentiment ou de la vie spirituelle, et existent ainsi en avant de nous: dans l'absolu, croirait-on, comme le Sphinx des … Lire la suite Ces explorateurs de nos ruines, ils retrouvent le privilège des chemins qui se perdent comme s’ils arrivaient près du but …

Le désert croît. Oui, mais un peintre d’icônes, en Amérique …

Des icônes de la Déréliction, de l’Absence. Mais par là-même de la nostalgie, de l’Attente! Cet invincible souci de la Substance, au-delà de notre jeu sans joie sur les signes, on en saura gré à Edward Hopper, bientôt, dans les Temps Nouveaux, après le désastre. Dans Girl at Sewing Machine, c’est une belle journée d’été, … Lire la suite Le désert croît. Oui, mais un peintre d’icônes, en Amérique …

Moi qui avais tant cherché! Dans les villages au crépuscule, derrière la porte entrebaillée des églises dont on a fait des garages, aux carrefours herbeux des campagnes profondes …

C’est en Italie que j’ai appris, non à rêver -cela vient avec le langage- mais à attendre du rêve ce qui va faire la preuve que l’existence a un sens. Cette proposition pourra étonner; et d’abord paraître obscure. Mais remarquons qu’il y a deux niveaux dans les hantises de la parole inconsciente. Un, bien connu, … Lire la suite Moi qui avais tant cherché! Dans les villages au crépuscule, derrière la porte entrebaillée des églises dont on a fait des garages, aux carrefours herbeux des campagnes profondes …

Dans les ciels des peintures une ressource immense pour la démocratie

John Constable Il est un point où le poétique et le politique se confondent, c'est le projet de démocratie et les principes d'action qui immédiatement en découlent. Écrire la poésie, c'est vouloir se défaire de l'autorité des systèmes de représentations, n'est-ce pas? C'est donc délivrer la figure d'autrui des interprétations que ces systèmes nous font … Lire la suite Dans les ciels des peintures une ressource immense pour la démocratie

Le miroir le plus profond -à la fois lumineux et sombre- qu’on puisse tendre à l’esprit, il est tombé de nos mains …

L'étude du latin au lycée et la lecture des Bucoliques, qui sont en poésie un monde imagé extraordinaire, dont l'Occident tout entier n'a cessé de subir la fascination, et j'y succombais à mon tour, m'avaient préparé à voir dans la Grande Terre du Sud le lieu par excellence où l'on cherche à entrer chaque fois … Lire la suite Le miroir le plus profond -à la fois lumineux et sombre- qu’on puisse tendre à l’esprit, il est tombé de nos mains …

Voyez, dis-je à mon ami, ces gens ne sont pas de la même religion que vous, ils voient autrement les couleurs

Mais où avais-je pris qu'il y avait eu un ami? Je ne voyais autour de moi maintenant que des inconnus, hommes et femmes pressés qui poussaient sur le pont leurs grosses valises. Des débris de rubans, vestiges de la joie et de l'espérance, se dissipaient sous leurs pieds dans les flaques jetées par l'embrun nocturne. … Lire la suite Voyez, dis-je à mon ami, ces gens ne sont pas de la même religion que vous, ils voient autrement les couleurs

1 Un spectre hante l’Europe

Nous pouvons conjecturer aujourd'hui ce que fut chez Mallarmé l'expérience fondamentale: son approche de la beauté -de ce qu'il dira la beauté- par la voie d'une pensée du néant. Par une suite de destructions opérées sur tous ses savoirs au cours de ses nuits de veille -la destruction fut ma Béatrice, remarque-t-il, il en vient … Lire la suite 1 Un spectre hante l’Europe

2 Temps modernes, l’Annonciation des Ténèbres

Le non-sens a remonté dans le sens humain comme, dans les mêmes photographies, l’infini silencieux de la matière le fait dans le pan de mur ou le flanc de vase. Et cette émergence est d’autant plus angoissante que quelqu’un en nous, qui la constatons, se demande: qui a perçu cette immobilité, que nous ne rencontrons … Lire la suite 2 Temps modernes, l’Annonciation des Ténèbres

3 La densification ontologique du lieu humain a échoué

J’en reviens à Mallarmé et je puis revenir à lui, parce que de sa découverte du Néant, il n’a pas laissé un simple constat, quitte à préciser celui-ci avec quelques indications de nature philosophique sur le sens de cette expérience. Comme les lecteurs de ses lettres ou des poèmes juste cités le savent bien, Mallarmé … Lire la suite 3 La densification ontologique du lieu humain a échoué

4 La lune, au-dessus du temps, la lune vue en face, au-delà des rideaux de la pensée

Et si Mallarmé s’est porté si loin, dans Igitur, et peut même nous entraîner à sa suite, c’est aussi qu’il a su évoquer dans ce texte un des moments clefs de l’expérience vécue, peut-être même celui qui en avait été l’origine. Il y a une horloge dans cette chambre nocturne. Et quand, dans ses propres … Lire la suite 4 La lune, au-dessus du temps, la lune vue en face, au-delà des rideaux de la pensée

5 La multiplication à l’infini des photographies qui ne saisissent que le dehors de la vie contribue à la fin du monde

Et en ce point, avec la sympathie que tout espoir même déraisonnable suscite, on peut vouloir suivre Mallarmé au-delà d’Igitur dans son existence: quand, mille fois, il rejette, l’esprit meurtri ou las, ce qu’il appelle son vice, mais ne cesse d’y revenir et écrit ainsi quelques grands poèmes qui disent cette passion, cette rêverie. L’un … Lire la suite 5 La multiplication à l’infini des photographies qui ne saisissent que le dehors de la vie contribue à la fin du monde

6 Des exorcismes

C’est de Degas qu’il s’agit. Degas ne fut assurément pas un photographe professionnel mais tôt dans sa vie il s’était adonné à la pratique nouvelle; et, après l’avoir longtemps délaissée, il y revint dans les dernières années du siècle avec un intérêt singulier, qui étonna ses amis: il semblait trouver à faire poser ceux-ci, de … Lire la suite 6 Des exorcismes