Non, Dieu ne cherche pas
L’adoration, le front courbé, l’esprit
Qui l’invoque et qui le questionne, pas même
Le cri de la révolte.
Il cherche à voir, comme l’enfant voit, une pierre,
Un arbre, un fruit,
La treille sous le toit,
L’oiseau qui s’est posé sur la grappe mûre.
Dieu cherche, lui sans yeux,
À voir enfin la lumière.
Il prend, lui l’éternel,
Dans ses mains,
Le fugace
Puisqu’il n’est de regard que dans ce qui meurt.
Dieu
Veut les dépouiller de même leur mort.
Et toute leur pensée, toute leur vie
C’est de le repousser
Éloigne-toi, crient-ils,
En agitant des drapeaux, des étoffes
Éloigne-toi dans les arbres,
Éloigne-toi dans le souffle du vent qui erre,
Éloigne-toi dans le bleu et dans l’ocre rouge,
Éloigne-toi
Dans l’agneau tremblant du sacrifice.
Yves Bonnefoy, Les Planches Courbes
Claude Garache