Des avenues aujourd’hui perdues, recouvertes d’herbes, dans cette région de l’esprit qui s’étend entre concept et symbole, entre symbole et réalité

Notre époque est la première sur terre à laisser circuler à nu, sans vêture de sens, sans imprégnation de valeurs, les aspects bruts de la violence, de la cruauté, par exemple. Nous voici entrant à nouveau dans ce champ d'absence qui précéda la parole. Où il n'y avait pas de mémoire, pas d'avenir. Je me … Lire la suite Des avenues aujourd’hui perdues, recouvertes d’herbes, dans cette région de l’esprit qui s’étend entre concept et symbole, entre symbole et réalité

Nos pavements sont enfeuillés

Pour les vergers de La Rivière La réalité la plus patente, assortie des lumières de Darwin, nous convie à reconnaître que nous sommes tous, en tant que membres de l’espèce Homo sapiens, des produits co-évolutifs des arbres. En biologie de l’évolution, le terme de co-évolution fait usuellement référence à des interdépendances évolutives entre deux espèces … Lire la suite Nos pavements sont enfeuillés

Tu cueilleras le rameau d’or et tu pourras parler aux bêtes …

Platon fait dire à un personnage de son dialogue, Le Politique, que tout animal qui pourrait être doué de langage, une grue par exemple, diviserait les vivants entre les grues et tous les autres, pris en bloc, indistinctement, dans un seul et même genre. Y compris l’homme. Cette séparation aberrante résiderait dans le logos, dans … Lire la suite Tu cueilleras le rameau d’or et tu pourras parler aux bêtes …

Borges, un de ces ironique faiseurs de labyrinthes, où la vérité s’évapore ? Mais non, un homme moderne …

Borges est durement méconnu. Une grande pensée de notre époque s’est reconnue dans son œuvre, et c’est l'immense succès de cette doctrine qui a précipité sa gloire. Mais cette philosophie n'était pas la sienne, il n'a jamais fait que s'en approcher, en ces points où elle est véridique. Cette philosophie souligne que la notion ne coïncide … Lire la suite Borges, un de ces ironique faiseurs de labyrinthes, où la vérité s’évapore ? Mais non, un homme moderne …

1 L’horreur de se savoir une vaine forme de la matière

La photographie dissipe les symboles, dont semble ne rien savoir la matière qu'elle fait paraître à nos yeux. Va-t-elle éteindre pour toujours le flambeau des analogies? Yves Bonnefoy, extraits du catalogue d'une exposition du musée d'Orsay, Stéphane Mallarmé, 1998. Ce texte a été repris dans Sous l'horizon du langage * Nous pouvons conjecturer aujourd'hui ce … Lire la suite 1 L’horreur de se savoir une vaine forme de la matière

2 Le gouffre se laisse voir dans les visages, même les plus aimés …

Le non-sens a remonté dans le sens humain comme, dans les mêmes photographies, l’infini silencieux de la matière le fait dans le pan de mur ou le flanc de vase. Et cette émergence est d’autant plus angoissante que quelqu’un en nous, qui la constatons, se demande: qui a perçu cette immobilité, que nous ne rencontrons … Lire la suite 2 Le gouffre se laisse voir dans les visages, même les plus aimés …

3 Des rideaux agités par l’Absence sans fond

J’en reviens à Mallarmé et je puis revenir à lui, parce que de sa découverte du Néant, il n’a pas laissé un simple constat, quitte à préciser celui-ci avec quelques indications de nature philosophique sur le sens de cette expérience. Comme les lecteurs de ses lettres ou des poèmes juste cités le savent bien, Mallarmé … Lire la suite 3 Des rideaux agités par l’Absence sans fond

4 La lune, au-dessus du temps, la lune vue en face, au-delà des rideaux de la pensée

Et si Mallarmé s’est porté si loin, dans Igitur, et peut même nous entraîner à sa suite, c’est aussi qu’il a su évoquer dans ce texte un des moments clefs de l’expérience vécue, peut-être même celui qui en avait été l’origine. Il y a une horloge dans cette chambre nocturne. Et quand, dans ses propres … Lire la suite 4 La lune, au-dessus du temps, la lune vue en face, au-delà des rideaux de la pensée

5 La multiplication à l’infini des photographies hâte la fin du monde

Et en ce point, avec la sympathie que tout espoir même déraisonnable suscite, on peut vouloir suivre Mallarmé au-delà d’Igitur dans son existence: quand, mille fois, il rejette, l’esprit meurtri ou las, ce qu’il appelle son vice, mais ne cesse d’y revenir et écrit ainsi quelques grands poèmes qui disent cette passion, cette rêverie. L’un … Lire la suite 5 La multiplication à l’infini des photographies hâte la fin du monde

6 La Compagnie des Exorcistes

C’est de Degas qu’il s’agit. Degas ne fut assurément pas un photographe professionnel mais tôt dans sa vie il s’était adonné à la pratique nouvelle; et, après l’avoir longtemps délaissée, il y revint dans les dernières années du siècle avec un intérêt singulier, qui étonna ses amis: il semblait trouver à faire poser ceux-ci, de … Lire la suite 6 La Compagnie des Exorcistes

Un jour nos signes auront leur lieu dehors, dans l’herbe de la montagne

Si l’œuvre de Bonnefoy n’a cessé de méditer la pierre comme support de ses inscriptions (Les Tombeaux de Ravenne, 1953; Pierre écrite, 1958; Sur de grands cercles de pierre, 1986; Comme aller loin, dans les pierres, 1992 ...), si elle empile un à un ses poèmes-pierres, il me semble que l’œuvre de la maturité, non seulement … Lire la suite Un jour nos signes auront leur lieu dehors, dans l’herbe de la montagne

Le miroir le plus profond -à la fois lumineux et sombre- qu’on puisse tendre à l’esprit, il est tombé de nos mains …

L'étude du latin au lycée et la lecture des Bucoliques, qui sont en poésie un monde imagé extraordinaire, dont l'Occident tout entier n'a cessé de subir la fascination, et j'y succombais à mon tour, m'avaient préparé à voir dans la Grande Terre du Sud le lieu par excellence où l'on cherche à entrer chaque fois … Lire la suite Le miroir le plus profond -à la fois lumineux et sombre- qu’on puisse tendre à l’esprit, il est tombé de nos mains …

L’Homme-Loup te fera traverser les torrents de montagne

Christophe est le centurion d’une légion d’hommes-chiens, d’hommes-loups, un de ces hommes à tête de molosse qui vivent sur les Confins. Ils gardent la frontière de l'Empire. Christophe a été fait prisonnier par l'Autre Côté, s'est converti, revient, meurt en martyr! Le limes n'a pas disparu, il a proliféré. Depuis l'Effondrement les confins sont partout, … Lire la suite L’Homme-Loup te fera traverser les torrents de montagne

Un lac de sang, ombragé par un bois de sapins toujours vert

Si le XIXéme siècle était un tableau, cette toile de grand format serait de couleurs très fortes, de valeurs très contrastées, et ce n'est pas la lumière naturelle, celle qu'ont tant aimée beaucoup de ses peintres, de Constable ou Valenciennes aux impressionnistes et à Cézanne, qu'on y verrait partout resplendir. Plus souvent le rouge des … Lire la suite Un lac de sang, ombragé par un bois de sapins toujours vert

La langue n’a pas trouvé de mots, mais elle a continué …

Accessible, proche et sauvegardée, au milieu de tant de pertes, ne demeura que ceci: la langue. Elle, la langue, fut sauvegardée, oui, malgré tout. Mais elle dut alors traverser son propre manque de réponses, dut traverser un mutisme effroyable, traverser les mille ténèbres des discours porteurs de mort. Elle traversa et ne trouva pas de … Lire la suite La langue n’a pas trouvé de mots, mais elle a continué …

Le peintre dont l’ombre est un voyageur

Qu'on ne se contente pas trop facilement des explications les plus simples -un hasard, le mécénat, les commandes- quand il s'agit de cette question qui me paraît essentielle: pourquoi un peintre a-t-il changé de pays, laissant pour d'autres horizons, d'autres couleurs, et toujours une autre lumière, le lieu où il a vécu, où il a … Lire la suite Le peintre dont l’ombre est un voyageur

5 La souche obscure d’où montent ensemble et séparées ces intuitions majeures …

J’ai relu récemment, et même traduit (ce qui intensi­fie les lectures) la Résurrection, de Yeats. C’est une brève pièce de théâtre qu’un poème ouvre et un autre clôt, ou semble clore. On y entend trois jeunes gens, un Grec, un Juif, un Syrien, s’interroger dans le vestibule de la maison des Apôtres au lendemain de … Lire la suite 5 La souche obscure d’où montent ensemble et séparées ces intuitions majeures …

Il a consenti à la fiction pour sauver la catégorie de l’Être …

Tiepolo est-il le peintre facile qui aurait gaspillé ses dons à la décoration et au luxe, quand il aurait pu rapatrier dans le vécu des sens et du cœur, comme un Piazzetta de plus de risques, les stéréotypes baroques? Bien plutôt est-il celui qui dans le signe maintient l'éclat là où la substance se perd, … Lire la suite Il a consenti à la fiction pour sauver la catégorie de l’Être …

Le second niveau de la flamme

Le monde allait finir. Oui, le mal -car c’était donc un mal, en dépit de tant d’espérances- qui avait commencé avec la première idole grossièrement taillée dans la pierre, ou dès même la première entaille furtive sur un tronc d’arbre, allait achever son travail, remontant par les veines de la nature jusqu’aux métaux les plus … Lire la suite Le second niveau de la flamme

Les sombres verdures et les hêtres verdoyants : ressources pour réconcilier le rêve de l’imagination et le monde réel de la misère …

Un des dons les plus remarquables de Charles Tomlinson est l’extrospection, le désir insatiable de voir, d'entendre, de saisir par l'esprit, ce grand Réel où nous nous trouvons, en disciplinant le moi pour que la poésie, au lieu de faire sa pâture de ces tours et retours de la vie intérieure qui fascinent l'esprit et … Lire la suite Les sombres verdures et les hêtres verdoyants : ressources pour réconcilier le rêve de l’imagination et le monde réel de la misère …

Ces explorateurs de nos ruines, ils retrouvent le privilège des chemins qui se perdent comme s’ils arrivaient près du but …

Que se passe-t-il quand on arrive dans un pays dont on ne connaît que très peu l'idiome, mais dont on voit dans les temples, sur les chemins, des œuvres qui atteignent à des sommets du sentiment ou de la vie spirituelle, et existent ainsi en avant de nous: dans l'absolu, croirait-on, comme le Sphinx des … Lire la suite Ces explorateurs de nos ruines, ils retrouvent le privilège des chemins qui se perdent comme s’ils arrivaient près du but …

Le désert croît. Oui, mais un peintre d’icônes, en Amérique …

Des icônes de la Déréliction, de l’Absence. Mais par là-même de la nostalgie, de l’Attente! Cet invincible souci de la Substance, au-delà de notre jeu sans joie sur les signes, on en saura gré à Edward Hopper, bientôt, dans les Temps Nouveaux, après le désastre. Dans Girl at Sewing Machine, c’est une belle journée d’été, … Lire la suite Le désert croît. Oui, mais un peintre d’icônes, en Amérique …