Il fut un temps où la pierre était pierre,
Chaque visage dans la rue un visage parfait.
Entre Dieu, la Chose et moi-même
L’harmonie régnait aussitôt.
Tu as changé mon univers et la trinité s’est perdue:
La pierre n’est plus la pierre,
Comme aux figures surgies d’un rêve, il manque quelque chose à chaque visage,
Tant que sur le visage imparfait d’un enfant
Je n’ai pas reconnu ton visage d’exilé.
Cette nuit, la chambre éclatée dormira
Dans un brasier d’étoiles.
Quand nous sommes perdus, quelle image invoquer?

Le cœur est un chasseur solitaire
Dans ces heures épiées dans les journées d’hiver, étoiles maléfiques,
Terreur. Vient-elle du Temps? De l’Espace?
De l’imposture des deux notions qui se confondent?
Pour qui est perdu, ruine parmi les ruines,
Toute absence d’air (imposture là encore, peut-être)
Est angoisse immobile. Cependant que le temps,
Imbécile éternel, traverse le monde en hurlant.
New York 1947, Cartier-Bresson