Ici est le pays lointain
Que l’on nomme Koshi
Il y tombe une neige abondante
C’est une province frontière
Aussi lointaine que les cieux
Les montagnes sont hautes
Et les rivières, longues, luisent au loin
Les landes sont vertes
Et l’herbe y croît en abondance
Au plein de l’été
Quand les truites se faufilent
Les pêcheurs au cormoran
Cet oiseau des îles
A chacun des clairs rapides
Que forment les rivières
Allument leurs corbeilles à feu
Et remontent le courant
Quand vient l’automne
Avec la rosée et la gelée blanche
Dans les landes
S’assemblent les oiseaux
J’invitai à la chasse
De valeureux compagnons
Des faucons il s’en trouvait un grand nombre
À mon Grand Noir à la queue en aronde
J’attachais des grelots couleur argent
Sur la lande de Mishima
Regardant vers l’arrière
Il a survolé le mont Futagami
Et se cachant dans les nuages
Il s’est envolé!
De rappeler le faucon
Il n’y avait aucun moyen
Je ne savais que dire
Mon cœur brûlait de colère
Je ne cessais de soupirer
En pensant à lui
M’imaginant que peut-être
Je pourrais le revoir
Je fis tendre de part et d’autre de la montagne
Aux flancs abrupts
Des filets à oiseaux
Et poster des gardes
Dans les temples des dieux
Tout-puissants
De miroirs brillants
Et d’étoffes je fis offrande
Tandis que j’attendais, une vierge
Dans un rêve m’annonça:
L’excellent faucon
Auquel tu penses tant
A volé jusqu’au soir sur la plage de Matsudae,
Puis passant au-dessus de la baie de Himi
Il a tournoyé
Au-dessus de l’île de Iago
Puis de l’anse de Fumé
Où abondent
Les canards sauvages dans les roseaux
Ne sois pas en si grande peine!
Otomo No Yakamochi, Xéme siècle