Té, Maurras!

Charles Maurras?

Il est rentré dans la démence très jeune, empoisonné par un mélange particulièrement toxique de positivisme et de bondieuseries. Pendant la dernière guerre, à Lyon, il a croisé Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy, un ami proche de François Mitterrand.

Bousquet a fait carrière. Quant à Maurras, qu’il repose en paix!

charles_maurras_dans_le_box_des_accuss_ca_lyonA son procès, 1945

André Gide a publié des notes d’un intérêt général sur les conditions de ses origines personnelles. Né en Normandie d’un père languedocien et d’une mère neustrienne, il a essayé de donner idée de la double influence … En quoi le ciel natal et la terre natale l’avaient-ils prédéterminés? Et comme il a passé son enfance et quelque temps de sa jeunesse en Languedoc, en quoi ce séjour a-t-il pu accentuer les dépôts de son ascendance languedocienne? Et le cas n’étant pas unique, étant, il est vrai, très fréquent, les effets en sont d’autant plus divers qu’il comporte lui-même des solutions et des appréciations très distinctes.
C’est en remuant ces pensées ou ces songeries, pour mieux dire, que je relisais de mémoire l’article de M. Gide. Une admirable journée d’hiver venait de s’éteindre. Le foyer de sarments et de ceps s’allumait à peine; il n’avait fait ni vent, ni froid. L’allumage du feu au tomber de la nuit n’avait que la valeur d’un rite de famille, peut-être destiné à redoubler le cours de la méditation: le jeu du bois incandescent, des charbons dévorés, de la cendre, de la fumée et de la flamme avive plus qu’on ne peut dire nos secrètes activités …

… En regardant danser mes patries dans les flammes, je songeais que M. André Gide est un bien honnête homme de se contenter d’une double patrie. La mienne vient de me montrer, dans son temps de Noël, une de ces faces divines que les Germains océaniques voyaient au couchant de leur mer, comme le raconte Tacite. Je tiens de Barrès qu’il y a des rapports entre nos plus pauvres quartiers et ce que l’on rencontre à Murano et à Chioggia, faubourgs de Venise. Mais pourquoi cette lumière d’aquarium, ces étangs, ces quais et ces canaux morts ne mèneraient-ils pas à quelque bourgade des Flandres?
Quand l’évêque Augustin rencontra sur le sable, le petit enfant qui voulait, avec sa coquille, épuiser l’abîme des mers: Tout l’Océan dans ta pauvre conque, quelle folie! gémit le saint. La folie de tout homme, hélas! lui répondit, je crois, le petit messager du Ciel.

 Les deux patries, publié en 1902. Repris dans L’Etang de Berre

Té, Mau-ras! Manja é beù! Toi qui est mal-rassasié, mange et bois! Une dédidace de Mistral à C.M. Inédit, communiqué par Roland Pécout