Les Robinsons du Monastère

A la fin du siège de Lyon, en octobre 1793, la famille De Meylan est obligée de se séparer. Le père s’enfuit, pour échapper aux persécutions. La mère rejoint Grenoble. Elle y meurt, laissant ses deux enfants seuls. Elle leur avait demandé de rejoindre leur oncle, supérieur des Chartreux.

Après un voyage éprouvant, ils arrivent au couvent. Coincés par le neige, ils passent l’hiver, seuls, dans le couvent désert …
Au printemps, ils sont obligés de fuir devant l’arrivée d’un Administrateur. Errant dans la nature, ils sont recueillis par un bûcheron qui les amène au village de la Ruchère où ils sont hébergés par le curé du lieu.

On peut s’étonner qu’en pleine Terreur (on est alors au printemps 1794), un curé puisse encore officier dans ce village:

On le savait bien, mais on faisait comme si on ne le savait pas. En Dauphiné, le clergé a été très-peu persécuté pendant la Révolution. Les églises ont été fermées dans les grandes villes. Mais dans les montagnes l’exercice du culte n’a presque pas été interrompu. Les curés, revêtus d’un costume laïque, parcouraient librement leur paroisse sans être le moins du monde inquiétés.

P1020661Au château de Virieu, les bustes d’Aymon de Virieu et d’Alphonse de Lamartine

L’ouvrage décrit le séjour forcé des enfants dans ce grand couvent désert, où, au début, ils souffrent de froid et de faim, avant de trouver les riches réserves qu’ont abandonnées les religieux. Ce sont les belles pages du livre.

Hélas, dans les passages consacrés au séjour à la Ruchère, on retrouve une littérature d’édification de la plus ridicule fadeur, remplie de tous les poncifs de l’époque … Et bien remarquable est la complète absence d’une description des paysages et du mode de vie des habitants de La Ruchère. Jules Taulier avait pourtant fait paraître un Guide du voyageur à la Grande-Chartreuse

Les voyages organisés déjà masquaient la Terre.