Les rêves sont la seule
Vie future que nous connaissions;
Le lieu où les enfants
Que nous avons été
Sont bercés dans les bras des enfants
Que nous sommes devenus.
Ils sont aussi nombreux que des feuilles
Dans leurs migrations,
Que des oiseaux dont nous apprenons la mort
Par une simple plume
Laissée derrière eux: un indice,
Une parcelle de sommeil
Que l’œil saisit.
Ils sont à jamais perdus comme le sable
Quand la mer avance en rampant
Avec son long couteau brillant
Entre les dents
Pour réclamer son patrimoine.
La nuit dernière j’étreignais dans mon rêve un amant
Et me réveillai innocente.
Le ciel était saturé d’étoiles,
Son sourire brûlait encore là
Comme la queue d’une comète
Qui, ardente, vient de passer
Linda Pastan, traduit de l’américain par Raymond Farina, extrait de Une semaine en avril, Recours au Poème Editeur
Paul Klee, Night Flower