J’admets qu’on ne sait plus ce qu’est l’arbre, et que les forêts deviennent au mieux des parcs, et que les parcs sont des mensonge: mais que l’on suive les routes de banlieue, le soir, dans le dédale des feux de croisement, au bord des villes de nulle part, et là, soudain, dans l’infini du ciment, … Lire la suite Quant au feu
Catégorie : Poésie
Le vin des siècles, la moisson des étoiles
William Blake n’est pas le seul à écouter l’Histoire aux portes de l’Apocalypse. La période révolutionnaire est vécue dans un véritable délire d’interprétation; dans un temps où l’Histoire semble s’accélérer et où s’intensifie l’angoisse devant le devenir du monde, un chœur de prophètes s’élève pour investir les événements politiques de France de la puissance explosive … Lire la suite Le vin des siècles, la moisson des étoiles
Pandémie
Nous nous consultons. Nous ne savons plus. Nous n’en savons pas plus l’un que l’autre. Celui-ci est affolé. Celui-là confondu. Tous sont désemparés. Le calme n’est plus. La sagesse ne dure pas le temps d’une inspiration. Dites-moi. Qui ayant reçu trois flèches dans la joue se présentera d’un air dégagé? L’union du moi et du … Lire la suite Pandémie
Elle prend feu la cendre ..
Adspice: corripuit tremulis altaria flammis Sponte sua, dum ferre moror, cinis ipse. Bonum sit! Nescio quid certe est, et Hylax in limine latrat. Credimus? aut qui amant ipsi sibi somnia fingunt. Parcite, ab urbe venit jam parcite, carmina, Daphnis. Virgile, Bucolique VIII, vers 106-110 Regarde: saisissant de flammes en transe l’autel, d'elle-même elle prend feu, … Lire la suite Elle prend feu la cendre ..
Mon sombre amour d’orange amère
Ma chanson d'écluse et de vent Mon quartier d'ombre où vient rêvant Mourir la mer Et tout ce langage perdu Ce trésor dans la fondrière! Mon cri recouvert de prières Mon chant vendu ... Louis Aragon Henri Matisse, En Corse
Cette longue couvée, ce long envol de grues sauvages …
Homère, l'insomnie. Et les voiles tendues. J'ai lu jusqu'au milieu le Catalogue des vaisseaux. Cette longue couvée, ce long envol de grues Sauvages qui jadis franchit le ciel de Grèce. Grues s'enfonçant en coin vers d'étrangers confins, (L'écume divine ceint la tête des rois) Vers quels ports voguez-vous? Ô guerriers achéens, Vous seriez-vous sans Hélène, … Lire la suite Cette longue couvée, ce long envol de grues sauvages …
Quand le feuillage rêve
On dit que l’effraie Boit l’huile aux lampes du sanctuaire Dans les églises de village Elle entre par le vitrail brisé Dans ces heures de nuit Quand les bons et les violents s’endorment Quand l’orgueil et l’amour s’épuisent Quand le feuillage rêve La bête réchauffe son sang Avec les Saintes Huiles Jean Follain, Exister Philippe … Lire la suite Quand le feuillage rêve
Comme un cerf altéré brame après les eaux vives …
Eustache Crète, XIVéme siècle Comme un cerf altéréCherche le courant des eaux,Ainsi mon âme te cherche.Je me souviens,Et mon âme déborde:En ce temps-là,Je franchissais les portails! Si seulement je pouvais le voir! Rien que le voir. Mesurer ce qu'il a sur la tête, ce bois d’os plus dur que le plus dur des bois d’ébène, … Lire la suite Comme un cerf altéré brame après les eaux vives …
Ce sera tout à fait comme dans cette vie …
Ce sera tout à fait comme dans cette vie! Le même jardin,Profond, profond, touffu, obscur. Et vers midiDes gens se réjouiront d'être réunis làQui ne se sont jamais connus et qui ne savent Les uns des autres que ceci: qu'il faudra s'habillerComme pour une fête et aller dans la nuitDes disparus, tout seul, sans amour … Lire la suite Ce sera tout à fait comme dans cette vie …
Toute ma vie, Monsieur … Toute ma vie!
Dès que la servante l’eut introduit, il se nomma: Mon nom est Hilmacher. J’ai connu une famille Hilmacher, dis-je. Un cillement inquiet de ses paupières me fit conclure qu’il m’avait menti, mais je n'y attachai pas d'importance. D’ailleurs, ajoutai-je avec un geste nonchalant qui effaçait les ombres et qui balayait, semblait-il, les choses du passé, … Lire la suite Toute ma vie, Monsieur … Toute ma vie!
1 Solvet saeclum in favilla
C’était au crépuscule que Charles Archold préférait contempler la façade. Les soirs de juin comme celui-ci (mais était-on bien en juin?), le soleil couchant caressait Maxwell Street et venait éclairer le groupe sculpté du fronton: une déesse du Commerce à la poitrine généreuse, qui brandissait une corne d’abondance allégorique d’où sortait une cascade de fruits … Lire la suite 1 Solvet saeclum in favilla
2 Mors stupebit et Natura
C’était à minuit que Jessy Holm devait mourir, mais elle connaissait en ce moment une euphorie qui touchait au délire. Comme toutes les lumières de la vieille banque baissaient de plus en plus (excepté la tache bleue qui baignait le batteur), Jessy se joignit à la cohue des danseurs en un immense soupir d’extase et … Lire la suite 2 Mors stupebit et Natura
3 Cum resurget creatura
Nora Archold, l’épouse de Charles, ressentait quelque gêne à cause de ses cheveux roux. Bien qu’ils fussent naturels, elle s’imaginait que les gens la soupçonnaient de se teindre. Après tout, elle avait quarante-deux ans, et beaucoup de femmes plus âgées choisissaient de devenir rousses. Je les aime comme ça, chérie, affirma Dewey. Je t’assure que … Lire la suite 3 Cum resurget creatura