Mon temps, mon fauve, qui saura
Plonger les yeux dans tes prunelles.
Les bourgeons vont encore s’enfler,
Les pousses jaillir comme des seigles,
Toi tu as l’échine brisée,
Mon beau, mon pitoyable siècle.
Faible et cruel en même temps,
Comme un fauve
Souple autrefois,
Tu regardes stupide maintenant
Les empreintes que tu as laissées

Ossip Mandelstam, 1923