L’humanisme est un existentialisme

J’ai l’esprit tout ennuyé
D’avoir trop étudié
Les Phénomènes d’Arate
Il est temps que je m’ébatte
Et que j’aille aux champs jouer.
Bons Dieux! Qui voudrait louer
Ceux qui, collés sur un livre,
N’ont jamais souci de vivre?

Que nous sert l’étudier,
Sinon de nous ennuyer
Et soin dessus soin accroître,
À nous qui serons peut-être,
Ou ce matin ou ce soir,
Victime de l’Orque noir,
De l’Orque, qui ne pardonne,
Tant il est fier, à personne?

Corydon, marche devant
Sache où le bon vin se vend.
Fais rafraîchir la bouteille,
Cherche une feuilleuse treille
Et des fleurs pour me coucher.

Albrecht_Dürer_055

Ne m’achète point de chair,
Car, tant soit-elle friande,
L’été je hais la viande.
Achète des abricots,
Des melons, des artichauts,
Des fraises et de la crème
C’est en été ce que j’aime,
Quand, sur le bord d’un ruisseau,
Je les mange au bruit de l’eau,
Étendu sur le rivage
Ou dans un antre sauvage.

Dans un antre sauvage un homme peut ne pas manger de la viande, à la différence d’un animal carnivore, prisonnier de son essence. Telle est l’indétermination de l’homme, sa dignitas. L’humanisme est tout le contraire d’un chauvinisme humain.

Ronsard

Albert Dürer