Dans le paysage idyllique du nord de l’Inde, les shilums bourrés de cannabis sont longs comme des mitraillettes et l’ecstasy pleut comme les étoiles filantes dans le ciel d’août.
Après l’enfer du service militaire israélien, après les opérations commandos menées contre des familles palestiniennes, les appelés peuvent s’éclater la tête dans des raves non stop.
Au terme de leurs deux ou trois années dans l’armée, le pécule de départ leur permet d’aller séjourner dans des villages aménagés à leur intention, où ils se retrouvent entre eux avant de retourner à l’ordinaire de la vie au pays.
Le réalisateur israélien Yoav Shamir a suivi pendant deux ans la trajectoire de ces jeunes en dérive. Au début de son film, Shalom India, il insère les images d’opérations guerrières menées par l’armée israélienne contre des populations palestiniennes. Puis il laisse la parole à ces filles et ces garçons qui ont du mal à trouver leurs mots pour évoquer leur expérience. L’armée fait de toi un homme, assure un garçon à moitié écroulé sous l’effet de la drogue.
Les composantes de la société israélienne sont à l’œuvre pour épauler ces traumatisés: laïques, orthodoxes religieux et militaires en retraite se partagent le travail. Les anciens officiers arrêtent les plus atteints psychiquement pour les renvoyer au pays -contre leur gré. Les laïques les regroupent dans des maisons pour tenter de les réinsérer. Les orthodoxes mêlent aide et conversion religieuse.
Yoav Shamir s’abstient de commenter. Mais ces images suggèrent avec force que la guerre menée par Israël détruit une partie de sa propre jeunesse.