Une dictature n’a plus besoin de chemises brunes et d’arrestations massives. Il lui suffit d’un réseau informatique …

Le partenariat de l’administration Trump avec Palantir n’a jamais été uniquement axé sur la poursuite des méchants. Il était de construire une machine de surveillance totale. Dans les coulisses, alors que Musk amusait la galerie avec la colonisation de Mars, les alliés de Trump tissaient l’un des plus des outils dangereux jamais conçus dans une soi-disant démocratie: une base de données financières, médicales, biométriques, criminelles, familiales et numériques de presque tous les habitants du pays. Propulsé par le logiciel de Palantir et orchestré par une force opérationnelle orwellienne Doge, ce Frankenstein de l’intégration des données fédérales a jeté les bases d’un contrôle autoritaire inédit dans l’histoire.
Palantir -cofondé par l’allié de Trump, Peter Thiel- avait déjà aidé à suivre les immigrants sans papiers en fusionnant les dossiers des scans de reconnaissance faciale, des téléphones privés, des abonnements sur internet et des factures d’électricité. Mais sous Trump, le logiciel conçu à l’origine pour traquer des terroristes, Palantir, a été engagé pour connecter les bases de données de la sécurité sociale, Medicare, et du ministère de l’Éducation.

Peter Thiel

L’objectif? Que disparaisse le pare-feu entre les organismes étatiques (ce qui en France est interdit par la loi) et donner au gouvernement fédéral un profil unifié. Vous avez un prêt étudiant? Vous êtes dans le système. Vous avez payé des impôts? Vous utilisez une carte de paiement? Vous êtes dans le système.

Un décret de mars 2025 de Trump exigeait que les ministères fédéraux partagent toutes leurs données, ce qui, combiné aux outils d’IA de Palantir, a permis la création de tableaux de bord en temps réel, indiquant où vous vivez, qui vous connaissez, ce que vous publiez et pour qui vous votez. Les dossiers scolaires de votre enfant, vos ordonnances, vos carnets de voyage, votre rapport de solvabilité: fusionnés et cartographiés.
Et ne tombez pas dans le piège: c’est pour les clandestins. Des documents montrent que des citoyens américains se sont constamment retrouvés pris au piège, surtout s’ils étaient apparentés à des migrants, fréquentaient l’un d’eux, travaillaient à ses côtés ou faisaient des dons à la mauvaise association. Palantir a aidé à arrêter les proches d’enfants réfugiés, sur la seule base de coordonnées recueillies dans le cadre de programmes humanitaires. Épiciers, ouvriers du bâtiment, résidents légaux: personne n’était épargné. Une simple frappe dans le système pouvait les relier à n’importe qui d’autre, grâce aux mêmes outils utilisés pour traquer les agents d’Al-Qaïda.

Et il ne s’agit pas seulement de contrôle, mais de vengeance. Avec un outil comme celui-ci, un président n’a pas besoin de chemises brunes. Il n’a pas besoin d’arrestations massives. Il lui suffit d’un bouton et d’un terme de recherche. Envie d’auditer vos critiques? C’est fait. Envie de divulguer les dossiers médicaux mentaux d’un ennemi politique? Un clic. Envie de révoquer des passeports ou de refuser des prêts immobiliers? Déjà en version bêta. Inutile d’imaginer où cette route mène; nous l’avons déjà vu.

Brent Molnar