Avec Masomah, championne cycliste afghano-française
Darmanin a déclaré qu’on ne peut pas être français par hasard et qu’il faut une volonté. De fait, l’idée fantasmée qu’il suffit que des parents viennent faire un séjour en France et que la femme y accouche pour que son enfant soit automatiquement français est une connerie totale ou une vérité alternative comme on dit maintenant . Pour que l’enfant né de parents étrangers devienne français, il doit en faire la demande à sa majorité et établir avoir résidé en France depuis l’âge de 11 ans pendant au moins cinq ans et y avoir été scolarisé; si l’enfant est mineur, entre 13 et 16 ans la demande est présentée par les parents et est assujettie aux mêmes conditions, elle est présentée par l’enfant après l’âge de 16 ans.
Il y a une condition supplémentaire à Mayotte, les deux parents doivent être présents sur le territoire national depuis au moins trois mois à la naissance de l’enfant, délai qui devrait passer à trois ans aux termes du nouveau projet de loi, les autres conditions de durée de séjour et de scolarisation étant les mêmes que pour l’hexagone.

Donc, il n’y a pas d’automaticité du droit du sol contrairement à ce que soutiennent la droite et les médias Bolloré: l’acquisition de la nationalité française relève d’une volonté du demandeur et d’un long séjour sur le territoire national adossés à une scolarisation dans les écoles de la république.
Quant au débat sur l’identité nationale, c’est un truc pourri, l’extrême droite et la droite Retailleau diffusent une haine des Français d’origine étrangère qui s’apparente beaucoup à l’antisémitisme de la droite d’avant-guerre et du régime de Vichy; au travers de la personne de Bayrou, c’est toute la démocratie chrétienne qui tourne le dos à ses valeurs fondatrices, comme elle l’avait déjà fait en votant la loi Darmanin. On imagine qu’Eugène Claudius Petit qui prit des positions un peu plus humanistes pendant le conflit algérien doit se retourner dans sa tombe.
Le PS commet une erreur monstrueuse en acceptant de participer à ce débat dont il ne peut rien sortir de bon. L’identité semble obséder beaucoup de monde, sans qu’on sache vraiment ce que c’est, mais qui serait fondée sur l’origine, l’ethnie, l’appartenance religieuse, jusqu’au ressenti, celui du bistrot du coin et du micro-trottoir, c’est une assignation à résidence destructrice de l’universalisme républicain. La France doit être généreuse et fraternelle, je ne me suis jamais senti aussi fier d’être français que lorsque j’ai vu un officier de l’OFPRA demander à Rohina, femme afghane, de lui remettre son passeport parce qu’elle bénéficiait désormais de la protection internationale de la France. C’est aussi pour ça que je vais régulièrement à l’OFPRA, pour ressentir un peu de fierté pour mon pays.
Patrick Communal