
Un spectre hante l’Europe, le spectre du communisme.
Spectre fut donc le premier nom, à l’ouverture du Manifeste du parti communiste. Dès qu’on y prête attention, on ne peut plus compter les fantômes, esprits, revenants qui peuplent le texte de Marx. Mais à compter avec eux, pourquoi ne pas interroger aujourd’hui une spectro-poétique que Marx aurait laissé envahir son discours?
Spectres de Marx commence par la critique d’un nouveau dogmatisme, c’est-à-dire d’une intolérance: Tout le monde le sait, sachez-le, le marxisme est mort, Marx aussi, n’en doutons plus. Un ordre du monde tente de stabiliser une hégémonie fragile dans l’évidence d’un acte de décès. Le discours maniaque qui domine alors a la forme jubilatoire et obscène que Freud attribue à une phase triomphante dans le travail du deuil. (Refrain de l’incantation: le cadavre se décompose en lieu sûr, qu’il ne revienne plus, vive le capital, vive le marché, survive le libéralisme économique!)
Exorcisme et conjuration. Une dénégation tente de neutraliser la nécessité spectrale, mais aussi l’avenir d’un esprit du marxisme. Un esprit: l’hypothèse de cet essai, c’est qu’il y en a plus d’un.
La hantologie, inflexion féconde de l’Idée d’Humanité …