Pain perdu

Il lui arrive de plus en plus souvent la nuit

De descendre dans la cuisine

Où fument en silence sous la lune

Les statues que le jour relègue parmi les meubles

Et les habits, sous l’amas des choses

Rapportées du dehors et vouées à l’oubli.

Il n’allume pas mais s’assied

Comme un habitué au milieu des filles

Et parle d’une voix triste et douce

De sa femme qui se donne là-haut, dans sa propre chambre

A de grands cavaliers invisibles et muets.

Et c’est moi qui garde leurs chevaux, dit-il

En montrant l’épais crin d’or enroulé

A son annulaire.

Guy Goffette

Lotte Lenya