Étienne: Vous êtes bien comme vos pères [Il s’agit des prêtres juifs]. Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté? Ils ont même tué ceux qui annonçaient d’avance la venue du Juste, celui-là même que maintenant vous avez trahi et assassiné.
Ces paroles les exaspérèrent et ils grinçaient des dents contre Étienne. Mais lui fixait le ciel: Voici, dit-il, que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu.
Ils poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles. Puis, tous ensemble, ils se jetèrent sur lui, l’entraînèrent hors de la ville et se mirent à le lapider.
Ils avaient posé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. Saul était de ceux qui approuvaient ce meurtre.

Bernado Daddi, La lapidation d’Étienne
Devenu Paul, Saul se souvient: Seigneur, les Juifs savent que je faisais mettre en prison et battre de verges dans les synagogues ceux qui croyaient en toi. Lorsqu’on répandit le sang d’Étienne, ton témoin, j’étais moi-même présent, joignant mon approbation à celle des autres, et gardant les vêtements de ceux qui le faisaient mourir.
Les prêtres lapidateurs se dépouillent de leurs vêtements pour être à l’aise. On dirait maintenant des athlètes grecs, eux, les Fidèles! Leurs habits, à terre, mais gardés, surveillés, conservés, par Saul, ressemblent à des haillons sous la lumière rasante.
Quand? Demain. Hier. Maintenant.

Gamaliel l’Ancien apparait en songe à Paul
Un triple miracle (c’est-à-dire une question de point de vue, ou de conversion du regard) dans la poussière: les vêtements liturgiques sont devenus des chiffons, les chiffons, dans une autre poussière, celle des palais d’autrefois, sont devenus des cordages.
Et Saul tombera dans la poussière, sur le chemin, vers Damas. Qui ne l’a pas été, désarçonné, en entendant comme Moïse ces mots, en lui et hors de lui: Je suis. Mais Paul (Saul a changé de regard, puis de nom, comme Abram, devenu Abraham) a entendu plus encore: Je suis celui que tu persécutes. Et celui que tu persécutes a un nom. Ἐγώ εἰμι Ἰησοῦς ὃν σὺ διώκεις.

Une enluminure d’un missel franciscain du XIVe siècle [Paris, BN, ms. Lat. 757, f° 286 v] représentant la lapidation de Saint Étienne, premier martyr de la chrétienté, fêté le 26 décembre. On observe que, si Étienne est représenté avec ses habits liturgiques de diacre subissant son martyre dans une attitude de prière et de dignité parfaite, ce n’est pas le cas de ses bourreaux. Le personnage vêtu de vert a les cheveux hirsutes, ce qui va de pair avec ses traits grimaçants, et qui signifie le désordre intérieur d’un homme livré à la folie meurtrière. Quant au personnage tout vêtu de rouge écarlate, ses vêtements sont le dernier cri de la mode du XIVéme siècle, c’est-à-dire de très longues poulaines et un pourpoint très court auquel d’aucuns reprochent d’exposer trop de choses par devant comme par derrière. Ses chausses apparaissent en partie détachées, deux des aiguillettes sont dénouées, et tandis qu’il se penche pour ramasser une pierre, il nous présente son postérieur.