Donne moi la main, que je te montre la passe des Espionnes

Elles recèlent la poésie en mélinite bien dosée dans des bonbonnes
A volonté, elles changent de verdure
Elles jouent à la roulette avec les jours de leurs calendriers
C’est Rirette Maitrejean au cœur tremblant qui nous est à peine apparue
Elle préparait si bien le thé pour la bande à Bonnot

Les désirs roulaient autour d’elle et lui chatouillaient la peau
Le jour de l’attaque de Chantilly elle faisait le guet au haut de la rue
Elle retrouvait ses amis en chapeau-melon à Coulange-la-Vineuse
Entre deux Grand-Marnier, elle lisait le journal à haute voix,
Puis collée à Raymond-la-Science, elle tournait sur un air de polka

mulholland-drive-2001-04-gJe vous revois, je vous revois, femmes blondes oxygénées
Avec le sang de votre vie

Tous les gangsters qui avaient payé patente suivaient le corbillard
Il y avait le lieutenant d’Al Capone, un délégué du maire
Et un juge en pleurs qui lut un télégramme
Les banques s’écroulent comme des châteaux de cartes les prisons sont transparentes

Robert Goffin