En ce temps là tu peignais des rêves pour Robert le Diable

Desnos en marchant sans fin par les rues
Me lisait de longs manuscrits en prose à l’encre rouge
Où se mariaient Jules Verne Sade et Nerval
Toute parole en ce temps-là semblait avoir une odeur d’ambre

Tu touchais à la nuit d’une façon distraite
Comme à une porte ouverte sur un néant familier
Tu peignais l’heure où les lois sont mortes
Tu peignais le vent tombé dans les docks

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Un château démantelé dans un lieu sauvage
Une ferme des temps anciens
Quand le maître avait dix valets mais déserte ayant perdu
Ses piliers inférieurs comme une mâchoire
On ne sait comment de côté surplombant le vide

O demeures demeures sans épaule
Où s’appuyer ni béquilles
Tenant debout parce que c’est l’habitude
Dans ces murs où se poursuit le parler des étoiles

Louis Aragon, Les Adieux

Vitrail civil, 16éme siècle