Les herbes sécheront sous mes pas

Mille oiseaux de nuit, mille chansons mortelles

M’environnent, volant par ordre sur mon front;

Que l’air, en contrepoids, fâché de mes querelles

Soit noirci de hiboux et de corbeaux en rond!

Les herbes sécheront sous mes pas, à la vue

Des misérables yeux dont les tristes regards

Feront tomber les fleurs et cacher dans la nue

La lune et le soleil et les astres épars.

Ma présence fera dessécher les fontaines,

Et les oiseaux passants tomber morts à mes pieds,

Étouffés de l’odeur et du vent de mes peines;

Ma peine étouffe-moi comme ils sont étouffés!

Agripa d’Aubigné