Le Soleil tourne autour de l’Arche Originaire Terre

Pour qui a correctement entendu le sens de la fondation kantienne du savoir, le sens de la notion de limite, la science ne peut plus apparaître comme un point de vue, plus ou moins borné, étriqué. En ce dernier cas, il serait loisible d’imaginer un point de vue plus élevé, plus compréhensif, vrai, tellement large qu’embrassant tous les autres il n’en serait plus un. Tel est le contradictoire point de vue de Dieu où tente, dans une inlassable illusion, de se hausser une fausse métaphysique, diffusée aujourd’hui dans le rêve scientiste d’un savoir intégral.

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Bien que leur objet ne puisse être un absolu, les formes transcendantales ne ressemblent nullement à des lunettes déformantes, à des prismes, à des cadres, toutes réalités physiques et empiriques. Elles déterminent, et elles seules, une pensée d’univers. Kant met au point la théorie du sujet connaissant comme être au monde, c’est à dire être ni hors du monde (Dieu) ni dans le monde (chose).

Nous voyons par là combien il serait superficiel de soutenir que son œuvre n’est que la transposition philosophique du newtonisme. Certes Kant travaille sur la physique de Newton (sur quelle autre voudrait on qu’il le fît?), mais il s’est proposé de préserver sa signification du réalisme dans lequel tombait son auteur lorsqu’il érigeait l’espace (et le temps du même coup) en absolu offert au regard d’un Dieu. Seulement l’on ne gagnerait rien au change si, par une interprétation aberrante de la solution de Kant, l’on remplaçait le sensorium Dei par un sensorium hominis.

La subjectivité transcendantale n’est pas un subjectivisme, ce n’est pas ma subjectivité.

… Je devais penser que l’exemple de la mathématique et de la physique qui, par l’effet d’une révolution subite, sont devenues ce que nous les voyons, était assez remarquable pour faire réfléchir sur le caractère essentiel de ce changement de méthode qui leur a été si avantageux et pour porter à l’imiter ici du moins à titre d’essai autant que le permet leur analogie, en tant que connaissances rationnelles, avec la métaphysique. Jusqu’ici on admettait que toute notre connaissance devait se régler sur les objets; mais, dans cette hypothèse, tous les efforts tentés pour établir sur eux quelque jugement a priori par concepts, ce qui aurait accru notre connaissance, n’aboutissaient à rien. Que l’on essaie donc enfin de voir si nous ne serons pas plus heureux dans les problèmes de la métaphysique en supposant que les objets doivent se régler sur notre connaissance, ce qui s’accorde déjà mieux avec la possibilité désirée d’une connaissance a priori de ces objets qui établisse quelque chose à leur égard avant qu’ils nous soient donnés. Il en est précisément ici comme de la première idée de Copernic; voyant qu’il ne pouvait pas réussir à expliquer les mouvements du ciel, en admettant que toute l’armée des étoiles évoluait autour du spectateur, il chercha s’il n’aurait pas plus de succès en faisant tourner l’observateur lui même autour des astres immobiles …
C’est dans cette tentative de changer la méthode suivie jusqu’ici en métaphysique et d’opérer ainsi en elle une révolution totale, suivant l’exemple des géomètres et des physiciens, que consiste l’œuvre de cette Critique de la raison pure spéculative. Elle est un traité de la méthode et non un système de la science elle même. Mais elle en décrit tout de même la circonscription totale, tant par rapport à ses limites que par rapport à sa structure interne; c’est que la raison pure spéculative a ceci de particulier en elle même, qu’elle peut et doit mesurer exactement son propre pouvoir suivant les diverses manières dont elle choisit les objets de sa pensée et faire aussi un dénombrement complet de toutes les façons différentes de se poser les problèmes, en même temps que se tracer, de cette manière, tout le plan d’un système de métaphysique. C’est ainsi que les lois centrales des mouvements des corps célestes convertirent en certitude absolue la théorie que Copernic n’avait admise tout d’abord que comme une hypothèse, et qu’elles prouvèrent en même temps la force invisible qui lie le système du monde (l’attraction de Newton) et qui n’aurait jamais été démontrée si Copernic n’avait pas osé rechercher, d’une manière contraire au témoignage des sens, mais pourtant vraie, l’explication des mouvements observés, non dans les objets du ciel, mais dans leur spectateur. Dans cette préface, je ne présente que comme une hypothèse le changement de méthode que j’expose dans la Critique et qui est analogue à cette hypothèse de Copernic. Ce changement sera toutefois établi dans le traité même par la nature de nos représentations de l’espace et du temps et par les concepts élémentaires de l’entendement; il sera donc prouvé non plus hypothétiquement, mais bien apodictiquement. Je le présente ici comme hypothèse uniquement pour faire ressortir le caractère toujours hypothétique des premiers essais d’une réforme de ce genre …

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Pour bien déterminer le sens de ce texte, il importe de voir qu’il se développe à plusieurs niveaux. Tout d’abord, d’un point de vue exotérique, nous avons affaire à une sorte de discours de circonstance, de plaidoyer pro domo. Sur ce plan, ce texte a pour objet d’expliquer comment la science a pu procurer à la philosophie l’exemple d’un savoir qui, en renversant totalement ses perspectives, loin de s’écrouler une fois sapés ses vieux fondements, s’est au contraire consolidé sur des bases définitives. Et cependant que de résistances avait rencontrées la théorie de Copernic! Elle avait, semblait il, pour conséquence de désemparer littéralement l’homme. L’univers n’était donc qu’en apparence ce tableau que Dieu fait tourner autour de nous pour mieux nous en déployer la beauté. Longtemps l’on avait estimé que l’intelligence ordonnatrice faisait si bien les choses … Si les astres se déplaçaient comme des acteurs au théâtre, le spectacle bougeait, le spectateur restait immobile. Le voici maintenant bousculé et emporté à son tour; il fuit. Dans ce monde dont nous n’occupons plus le centre, comment la science, déchue de son observatoire privilégié, pourrait elle se retrouver, puisque le savant fait partie du mouvement universel?

Il aurait été déconcertant, il n’aurait pas été tragique que Copernic substituât à un système du monde un autre système du monde. Mais la plupart des contemporains ont cru que c’était le monde comme système qu’il venait de ruiner. Tel fut leur bouleversement spirituel devant une révolution scientifique dont ils ne mesuraient pas encore la rationalité.

En vérité, Kant avait bien réalisé une œuvre copernicienne. De même que le mécanisme de Copernic supprimait toute hiérarchie et toute distinction de matière dans un univers définalisé et désontologisé, Kant réintègre le sujet, privé de ses prérogatives, dans la trame unique de l’expérience.

Il n’y a plus, sous quelque forme raffinée qu’on voudra, un monde intérieur et un monde extérieur. Je ne saurais me targuer de plus de substantialité que les choses. Comme d’elles, je ne puis connaître de moi que des déterminations extrinsèques. Le cogito n’étant qu’une condition formelle, moi aussi je ne fais que m’apparaître à moi même.

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Vénus

L’on comprend que les lecteurs mal conscients du sens d’une œuvre dont il restait à dégager la positivité (ce n’est en nous ni hors de nous du côté de l’objectif que nous trouverons l’absolu, mais à travers les exigences d’une justice qui, plus que de connaître, nous prescrit de transformer), aient été surtout frappés par le relativisme prétendu de la critique.
L’on comprend également que, pour les amener à la reconsidérer d’un autre œil, Kant, dans sa deuxième édition, l’ait placée sous le patronage de l’astronomie copernicienne et se soit attaché à mettre en évidence leur analogie. Il était habile de chercher dans l’exemple d’une illustre initiative, si mal accueillie d’abord, si pleinement couronnée de succès ensuite, une caution pour sa propre entreprise. Du moment que nul honnêtement ne niera que la métaphysique se soit autant discréditée que la science pré-copernicienne, on ne saurait être défavorable par principe à un nouvel effort, de style inédit, que Kant dans notre texte prend soin à multiples reprises de ne présenter que comme un essai, une hypothèse dont on aura le bon goût d’attendre les résultats pour les apprécier. Si la science a tiré profit d’un retournement de perspective, la philosophie doit oser à son tour cette ultime tentative.

Or, de ce point de vue, les propos de Kant semblent minés par une contradiction éhontée. A tel point que cette révolution copernicienne de la philosophie a tout l’air d’une pure et simple restauration de l’ante-copernicisme. Quoi! cet homme que scientifiquement Copernic avait arraché de la place qu’il s’était arrogée au centre du cosmos, sous la double impulsion du témoignage incertain de ses sens et de l’orgueil de sa raison, Kant ne le réinstalle-t-il pas métaphysiquement au point fixe autour duquel tournent des phénomènes réglés sur la structure de son esprit? Tandis que la science nous demande de ne plus mêler notre subjectivité au réel, l’épistémologie kantienne n’énonce-t-elle pas, somme toute, que nous ne connaîtrons jamais des choses que ce que nous y avions mis?

Ce que Kant renverse, c’est Copernic. Et non seulement il ne s’avise pas du malentendu, mais il l’accroît encore, lorsque, au mépris du plausible, il ne craint pas d’indiquer en note que Copernic a cherché l’explication des mouvements observés non dans les objets du ciel mais dans leur spectateur. L’imbroglio est à son comble. Contre cette imposture philosophique, contre cette imposture qu’est la philosophie, auront donc à batailler les authentiques révolutions coperniciennes, les révolutions scientifiques toujours destinées à combattre l’infatuation humaine. La science aurait pour vertu corrosive et salubre, c’est elle selon la scientificité actuelle qui philosophe à coup de marteau, de décentrer toujours davantage l’homme, de faire de lui le satellite des astres dont il se croyait le soleil.

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Avant de contresigner de tels attendus et de prêter à Kant un contresens aussi violent, il importe de se poser cette question: qu’a fait, au juste, Copernic? Quelle est la signification précise que Kant assigne à une œuvre qu’il est peut être le seul à correctement entendre? Copernic a fait cadeau à l’astronomie, comme Galilée et Torricelli à la physique, de règles qui affranchissent la connaissance de sa sujétion à l’expérience immédiate et lui permettent de construire elle même ses objets. Relisons, un peu avant notre texte, ce célèbre passage:

Quand Galilée fit rouler ses sphères sur un plan incliné avec un degré d’accélération dû à la pesanteur, selon sa volonté, quand Torricelli fit supporter à l’air un poids qu’il savait lui même d’avance être égal à celui d’une colonne d’eau à lui connue, ou quand, plus tard, Stahl transforma les métaux en chaux et la chaux en métal, en leur ôtant ou en lui restituant quelque chose, ce fut une révélation lumineuse pour tous les physiciens. Il comprirent que la raison ne voit que ce qu’elle produit elle même d’après ses propres plans et qu’elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements, suivant des lois immuables, qu’elle doit obliger la nature à répondre à ses questions et ne pas se laisser conduire pour ainsi dire en laisse; car autrement, faites au hasard et sans aucun plan tracé d’avance, nos observations ne se rattacheraient point à une loi nécessaire, chose que la raison demande et dont elle a besoin …

Ce texte n’est pas du Claude Bernard. Son but n’est pas de montrer que pour expérimenter, il ne suffit pas d’avoir des yeux et des oreilles, mais qu’il faut aussi et surtout procéder à des hypothèses. Des hypothèses, fussent elles les plus aventureuses, l’homme n’a jamais été avare. Galilée et Torricelli ne se sont pas contentés d’émettre, une fois de plus, des suppositions. Ils n’ont pas voulu se faire une nouvelle idée des faits, chacun sait ce que cela veut dire quand on déclare d’un homme qu’il se fait des idées. Se faire une idée, c’est l’usage vain, dévoyé de l’entendement. L’entendement ne fait pas l’idée, il fait le fait. Les prédécesseurs de Galilée et de Torricelli cherchaient, eux, l’idée. Ils ne pouvaient la chercher qu’à partir d’une observation naïve, mal armée, s’évertuant de la sorte à mettre en ordre un donné brut et décousu. Cet ordre, que le donné n’offrait pas, qu’il refusait même, force leur était par conséquent de ne l’établir que dans leur discours. Il n’y a pas eu langage mieux fait que la scolastique. Le verbalisme s’y protégeait de toute contradiction. Le discours suppléait la chose et s’octroyait la cohérence qu’il n’y trouvait pas.
Galilée et Torricelli ont inventé l’expérience; une expérience définie a priori comme l’ensemble des conditions au moyen desquelles nous pouvons ramener à l’unité l’hétérogénéité du sensible, la maîtriser, c’est à dire exercer effectivement, non pas dans des mots mais sur la chose, notre pensée.

Samantha Cristoforetto

Samantha Cristoforetto

L’objet, avec la nouvelle science, n’est pas le donné, il est le réseau des exigences de la raison. La raison, quand elle se présente enfin à elle même, s’appelle l’expérience.

De celle ci nous savons d’avance, quel que soit son contenu, que sa forme est déterminée par les exigences de notre entendement. Les catégories scientifiques ne sont pas des propositions, ce sont des positions. Elles ne disent pas d’avance ce que sont les choses, elles ne préjugent pas du réel, elles fixent les critères en vertu desquels nous serons capables de porter des jugements sur lui.

Les principes de la vraie science ne touchent pas au fond des choses; ils marquent les normes de leur intelligibilité. Tout principe régit une conduite, une volonté. Ce n’est pas la nature qui leur obéit, c’est le savant qui se les impose. Le principe d’inertie (il est absurde de l’appeler une force) signifie que nous ne devons pas attribuer à l’objet une quelconque spontanéité, sinon il sera toujours prêt à bafouer les lois les mieux assurées, comme l’eau, dans les pompes de Florence, quand à partir de 18,33 mètres elle cesse soudain d’avoir horreur du vide. Le principe de la conservation de la quantité de matière (ou de mouvement) signifie, quelles que soient ses de plus en plus fines formulations scientifiques, que si nous tolérions que dans la nature il y eût des apparitions et des disparitions absolues, nous renoncerions à la connaître, c’est à dire à expliquer un état de chose par un état précédent, puisque le changement implique quelque chose qui change, qui subsiste à travers lui, le cours réglé, l’ordre du temps.

Grâce à Galilée et à Torricelli, l’expérience est devenue une méthode. Ce qui confère à l’objet sa réalité, la quantité, le degré, ce sont des opérations méthodiques.

La mesure n’est pas un artifice, un acte extérieur à la chose, elle la constitue, la convertit en objet. Le plan incliné de Galilée, le tube de mercure de Torricelli sont des applications du schématisme.

On restreindrait singulièrement l’ampleur de son initiative, on serait aveugle à la révélation lumineuse dont parle Kant, si l’on s’imaginait que la gloire de Copernic vient de ce qu’il a remplacé une image du monde, idéologique, le géocentrisme par une autre image du monde, scientifique, mais comment une image pourrait elle l’être?, l’héliocentrisme. A brandir l’héliocentrisme comme une machine de guerre contre le géocentrisme, mais il y a bien des façons de concevoir l’un et l’autre, on s’expose à ne se payer que de mots on montre qu’on demeure prisonnier de ces apparences dont Copernic nous a libérés de la tyrannie. Avec Copernic, selon Kant, ce n’est pas une apparence, vraie, qui s’est implantée à la place d’une autre apparence, fausse. Il n’est point d’apparence privilégiée à quoi la science n’aurait qu’à se conformer et le réel n’a pas deux façons d’apparaître. Avant ou après Copernic, c’est le même monde, la même apparence.

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Être compétent en astronomie revient non pas à présenter au tableau noir une construction intelligible, à substituer à des images des équations, mais à comprendre, ce qui est moins facile, par l’effet de quelles lois l’apparence ne peut être autre que ce qu’elle est. Il n’y a pas de vérité dans l’apparence, il n’y a de vérité que de l’apparence, ces deux propositions sont corrélatives. La philosophie transcendantale aura à établir que l’apparence et la réalité ne sont pas deux niveaux de l’être. Aussi bien, pour cacher la réalité comme un astre en occulte un autre, l’apparence devrait contradictoirement avoir de la réalité.

L’apparence a son siège, c’est à dire son explication, dans notre jugement; elle n’opère pas à notre place les jugements vrais ou faux que nous pouvons porter sur elle. Le kantisme a pour vérité que nous ne pouvons penser que du pensable, qu’une expérience déjà informée par la pensée; ainsi, sans les synthèses transcendantales de l’entendement en général, jamais mon entendement ne serait capable d’effectuer ses synthèses empiriques. Mais ce pensable reste encore pour nous tout entier à penser. Aussi ce que nous offre la nature, chez Kant, n’est ce nullement la science, toute faite, mais simplement la condition de sa possibilité. Qu’est ce que l’apparence? La réalité mal comprise. Qu’est ce que la réalité? L’apparence comprise.

Copernic a enseigné (aux astronomes, entre autres) le souci de rattacher l’explication des mouvements (célestes, entre autres) aux exigences de la rationalité mathématique, plutôt que de se les figurer selon le gré des sens. Le concept scolastique, base de l’ancienne science, idée générale rassemblée par prélèvement sur les faits, exprimait le primat de la réalité sur l’esprit, l’idée mathématique, outil de la nouvelle science, signifie la subordination de l’expérience à la pensée. Du moment que la physique doit sa validité à des notions mathématiques, objet d’un savoir a priori, la nature ne reçoit que de notre raison sa structure d’intelligibilité, comme seule est capable de le théoriser la philosophie transcendantale. Ce que Kant a découvert, en effet, ce n’est pas l’a priori, c’est sa portée transcendantale. L’un ne doit surtout pas être identifié à l’autre. De l’a priori, Platon, Descartes ou Leibniz étaient suffisamment informés. Mais l’apriorité, chez eux, n’était que métaphysique

C’est une chose, déjà appréciable, que de reconnaître que nous disposons sous forme d’idées innées de la représentation des principes de la nature, mais par là on se borne encore à constater un fait, on n’explique pas la raison de l’expérience, on ne présente qu’un empirisme de la raison. Encore conviendra-t-il d’expliquer que la nature se plie à des principes qui n’existent que dans notre intelligence, c’est à dire, en dernier ressort, de recourir à Dieu. C’est une autre chose que de démontrer comment ces principes a priori fondent par eux mêmes une connaissance et régissent l’expérience.

Le transfert de l’a priori du métaphysique au transcendantal ne s’accomplira pas sans un bouleversement radical des éléments usuels, des protagonistes de la dramaturgie philosophique. En effet, des concepts même purs ne suffiraient pas à remplir une connaissance a priori du réel. Du concept, simple instrument de liaison, il n’est pas possible d’extraire directement un savoir, comme y prétendait vainement la dialectique. Le concept, à moins de rester vide, doit se rapporter à une intuition elle même pure et, a priori, non matérielle mais formelle, non intellectuelle mais sensible (et non pas sentie).

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Ainsi la question, énigmatique et renvoyée aux bons offices de Dieu, de l’accord de nos concepts avec une nature extérieure se règle rationnellement dans les relations aprioriques des catégories et de l’intuition. Ces relations n’ont pas besoin d’un Dieu pour les cautionner.

La philosophie transcendantale, c’est le trépas, épistémologique, de Dieu. Il est vrai que l’application de l’unité de la catégorie à la diversité de l’intuition pose problème. Le schématisme sera chargé de le résoudre. Le rôle de trait d’union que jouait Dieu dans les métaphysiques est dévolu chez Kant à l’imagination.

Que Dieu ne soit plus assimilable à un trait d’union et qu’il convienne de l’imaginer, comme la justice ou la paix, est la meilleure des nouvelles.

Hubert Grenier