Guillaume Pellicier? La personnalité la plus marquante de la Renaissance dans le Pays de Montpellier. Né en 1498, évêque de Maguelone en 1526, il avait été formé à la fonction par son oncle Guillaume Pellicier l’Ancien, 6eme évêque de Maguelone.
Maguelonne
Il est très tôt attiré par les idées nouvelles: celles de l’Évangélisme qui à travers toute l’Europe, à la suite d’un Érasme et d’autres penseurs, secoue les vieux dogmes et côtoie la Réforme; celles d’une passion nouvelle pour la pensée de la Grèce et de Rome par-delà les siècles; cette pensée, antique et moderne à la fois, est un point d’appui pour imaginer un monde plus vaste, plus libre. Enfin, les idées nouvelles débouchent sur le développement des arts, des sciences, et des échanges.
Guillaume Pellicier mène des recherches en histoire, en exégétique, en sciences naturelles, en botanique en particulier: son buste le rappelle, aux côtés de ceux d’autres savants, dans le Jardin des Plantes de Montpellier. Humaniste, il correspond avec d’autres humanistes, et entre en contact avec le roi François 1er. En 1536, le roi obtient pour lui du Pape Paul III, le tranfert de l’évêché de Maguelone à Montpellier. L’île était devenue trop isolée, et Montpellier, avec son université, est au cœur de la modernité du XVIe siècle. C’est sans doute à cette période de sa vie qu’il rencontre Rabelais.
L’auteur de Pantagruel est à Montpellier en 1530-1531 pour passer sa licence, et en 1537-1538 pour passer son doctorat de médecine et donner des enseignements (en Grec!). Ils ne peuvent pas ne pas s’être rencontrés, par l’intermédiaire de leur ami commun Rondelet, représentant élu des étudiants: ils ont le même goût de l’humanisme, et pensent l’un et l’autre, en ces temps où tout bourgeonne (et avant que le siècle ne soit livré aux guerres de religion), qu’on peut changer le monde.
Entre 1535 et 1537, Guillaume Pellicier est chargé de plusieurs missions à Rome auprès du Cardinal Jean du Bellay. De 1539 à 1542, il est ambassadeur auprès de la République de Venise, un poste diplomatique-clé.
Pendant ces deux périodes, il achète pour le roi, en Italie, de nombreux manuscrits (latins, grecs, hébreux, syriaques). Il achète pour son propre compte toute une collection de manuscrits grecs reliés aux œuvres de l’antiquité. S’il a une demeure à Montpellier et une à Maguelone, c’est au château du Terral qu’il installe un atelier de 12 copistes pour diffuser les œuvres grecques, ainsi qu’une imprimerie de textes humanistes qui s’inscrit dans un mouvement européen.
Les ruines de Montferrand, au Pic Saint Loup
Mais ses succès, son aisance, sa célébrité, attirent les jalousies et les rancœurs de ceux qui, dans l’église, voudraient prendre sa place. Et lui vaut l’inimitié du Gouverneur du Languedoc, Henri 1er de Montmorency qui, comme nombre de grands seigneurs passe selon ses humeurs et ses intérêts de l’armée protestante à l’armée catholique, et de l’armée catholique à l’armée protestante … Pellicier, lui, fait partie de ceux que l’on nomme en occitan « Los bigarrats » -les « mélangés », catholiques et Huguenots- et en français les Politiques: ce sont les adversaires des fanatismes et de la guerre civile, les partisans d’un Bien Public au-delà des différences religieuses.
Après la mort de son protecteur François 1er en 1547, Pellicier est arrêté et emprisonné en 1551. Ses ennemis, hauts dignitaires de l’église et de l’administration du Languedoc, s’installent au Terral pour le piller, emportent les livres, les manuscrits, les objets d’art.
Après 6 ans d’incarcération dans la forteresse de Beaucaire, Guillaume Pellicier, qui a fait appel devant le Conseil du Roi et le Parlement de Paris (c’est celui de Toulouse, catholique ultra, qui l’avait jugé), est enfin libéré, et réhabilité en 1558. Les dix années qui lui restent à vivre sont assombries par la guerre civile: en 1562, puis en 1570, Maguelone et le Terral sont pillés et brûlés par l’armée des princes protestants. Sa demeure montpelliéraine de la Salle-l’Évêque est saccagée.
Guillaume Pellicier a récupéré une partie de ses livres. Ses accusateurs sont morts. Mais les ultras des deux camps veulent toujours sa tête. Quand le danger se rapproche, il se réfugie à Montferrand: un château médiéval, dans les replis du Pic Saint Loup, au milieu de garrigues escarpées et brûlées de soleil, au terme d’un chemin où ne peuvent grimper que des mules, abrite le proscrit, accompagné de quelques soldats fidèles, invaincu et toujours Politique.
L’emblème de la salamandre, médaille en bronze attribuée à Giovanni Candida ou à un de ses suiveurs lyonnais.
Elle est datée de 1504, Francois Ier a 10 ans. Le verso porte la mention en latin NOTRISCO.ALBUONO.STINGO.EL REO.MCCCCCIIII: Je me nourris du bon (feu) et éteins le mauvais
Cependant qu’en-bas s’affûtent les fanatismes. Pour ravitaillement, ce qu’apportent les paysans. Pour compagnons: 322 livres grecs, hébreux, et latins et quelques proches. Il meurt en 1568.